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Martine Regourd LaizeauDocteure en psychologie de la santéCournon d'Auvergne
Job pour « travail » et craft pour « artisanat », litteralement le job crafting c’est donc l’art de fabriquer quelque chose avec ses mains. C’est une tendance nouvelle en ressources humaines qui vise :● Pour l’entreprise à améliorer la productivité ;● Pour un salarié à modifier sa façon de travailler, à prendre des initiatives afin de rendre sa fonction plus agréable.
L’enjeu d’une démarche de job crafting est donc d’améliorer le bien être au travail et donc de favoriser l’innovation et l’implication des collaborateurs.
Cette pratique est née aux Etats-Unis au début des années 2000, le job crafting a été envisagé la première fois par les Dr Amy Wrzesniewski et Jane E. Dutton. Wrzesniewski et Dutton Selon ces chercheuses il existe trois vecteurs pour remodeler et enrichir son travail:● Nos actions. L’idée est d’élargir son périmètre d’actions ou de changer la manière dont on procède;● Nos relations. Créer des relations additionnelles avec des collègues pour mieux comprendre le fonctionnement de l’organisation à laquelle on appartient et fluidifier les processus de travail;● Les aspects cognitifs. Redonner un sens à certaines tâches en les mettant en perspective au sein d’un processus plus large.
Depuis 2000, cette démarche RH s’est largement répandue dans de nombreux pays d’Europe.
Après des années dictées, en entreprises, par la mise en place de process et de procédures, le job crafting est ainsi un levier de ré appropriation et de valorisation des qualités de chacun.
L’équation est simple. Si un collaborateur travaille sur ce qui lui plait, valorise ses qualités, travaille dans une bonne ambiance, il est alors plus motivé, il s’épanoui et son rendement comme sa fidélité s’améliore.
En France, ou le management vertical reste la norme, cette tendance reste pour le moment minoritaire mais il est très probable que les contraintes qui pèsent de plus en plus sur le recrutement, le bien-être au travail amènent les entreprises à s’interresser au job crafting donc au bonheur au travail.
Après quelques années d’expérience, il n’est pas rare de se poser la question de sa reconversion professionnelle. Celle-ci est le plus souvent envisagée à l’extérieur de l’entreprise. On se pose alors des questions telles que :● Quel sens à mon travail ?● Comment puis je m’épanouir ?● Ou trouver un nouveau challenge ?● Suis-je heureux au travail● …
Le Covid 19 et l’irruption du télétravail ont amené de nombreuses personnes à se poser ces questions et à envisager une reconversion professionnelle afin de trouver des conditions de travail optimales, un cadre de travail agréable et retrouver bien être et performance.
Avant cette étape il est possible d’améliorer la qualité de vie au travail, ce sans changer d’entreprise.
Le job crafting conduit à penser et à réfléchir à ce que l’on voudrait modifier dans son travail actuel pour le remplir de sens et le rendre plus satisfaisant.C’est donc une action proactive qui vise à façonner votre description de poste afin de l’aligner au mieux sur vos compétences, vos valeurs et vos objectifs.Pour certains aspects cela implique l’accord de votre responsable hiérarchique mais heureusement certaines latitudes s’ouvrent à vous.
Par exemple dans une première approche il est assez simple :● Améliorer vos échanges dans l’entreprise. Le plus souvent nos relations sont limitées à celles liées au travail. Fixez-vous pour objectif d’élargir les échanges en proposant des déjeuners à des personnes avec lesquelles vous n’avez pas directement à entrer en relation. Cela semble anecdotique mais en fait cela permet de s’enrichir avec de nouvelles amitiés ;● Elargir vos taches. En général on se concentre sur nos missions et la routine s’installe. N’hésitez pas à proposer à votre manager d’élargir votre champ de compétences. Animer une réunion – modifier votre manière de réaliser vos actions – demander à des collègues de donner leur avis sur vos chantiers sont autant de manière de décloisonner votre action, d’élargir vos relations et d’enregistrer des retours positifs.
Une seconde approche consiste à prendre du recul sur son métier et son entreprise. La question essentielle est la suivante :● Aimez-vous ce que vous faites. Si la réponse est non, alors il est temps d'élaboration des objectifs pour vous permettre d'explorer les divers aspects de votre poste pour trouver ce que vous aimez le plus. Vous avez trois leviers d’action pour y parvenir : modifier vos tâches au quotidien, développer de nouvelles relations professionnelles et conscientiser l’intérêt de votre travail.A partir de cette réflexion vous pourrez envisager : ● De changer de poste dans votre entreprise pour vous orienter sur les fiches de poste qui cadrent le mieux avec vos attentes ;● D’affiner sur votre poste actuel ce qui vous motive et en discuter avec votre responsable. L’idée est alors simplement de modifier certaines taches, donner plus de priorité à ce qui a le plus d’impact voire remettre en cause des process que vous savez pouvoir optimiser.
Enfin une dernière approche consiste à évoquer le sujet avec votre manager ou la direction des ressources humaines. En fonction de sa personnalité et de vos relations, de la politique RH de l'entreprise, cette démarche sera plus ou moins simple mais personne ne vous reprochera une démarche pro active. En cas de « résistance » expliquez à votre responsable que votre démarche profitera à tous.
Ainsi, une démarche de job crafting vise à changer votre état d'esprit concernant les tâches que vous effectuez pour récolter les bénéfices des techniques de la pensée positive :● Bien être ;● Développement personnel et développement professionnel ;● Satisfaction au travail ;● Ouverture d’esprit.● Cette démarche vous aide en effet à adopter une perspective qui voit la valeur et le sens de votre travail plutôt qu'une corvée ou une partie redoutée de votre journée. En somme, avant de songer à tout quitter, vous pouvez d’abord essayer de changer les choses qui ne vous conviennent pas.
Les avantages de cette technique de management auto-responsable vont bien au-delà de la simple adaptation de votre travail à vos motivations. Cela vous aide à grandir en tant que professionnel et en tant que personne essayant de vivre une vie utile et agréable.Quelle que soit la manière dont vous choisissez de pratiquer cela contribue à faciliter des émotions plus positives, à améliorer votre conscience en soi, à renforcer votre confiance et votre motivation.
Voici quatre conseils à garder à l'esprit pour atteindre une plus grande satisfaction au travail :1. Pratiquer la visualisation. Prenez le temps d'évaluer ce que vous aimeriez changer et réfléchissez au type d'emploi qui répondrait le mieux à vos besoins en créant un tableau de vision ou en vous posant des questions sur ce que vous attendez. Dessinez ce qui ferait de vous un salarié heureux. De cette façon, où concentrer vos efforts deviendra clair. 2. Rester ouvert d'esprit. Soyez ouvert à changer votre approche au fur et à mesure et testez différentes approches pour atteindre au mieux votre objectif. Vous élargirez votre perspective et aurez une meilleure compréhension de vous-même et de votre environnement de travail. 3. Chercher des critiques constructives. Sollicitez les commentaires pour voir comment vos actions affectent votre performance au travail. Cela vous aidera à suivre les exigences de votre travail et à savoir quelles méthodes fonctionnent pour vous.4. Être patient. Comprenez que ce n'est pas une course pour voir à quelle vitesse vous pouvez atteindre vos objectifs.
« Les innovations, les modifications qu’apportent les salariés sont en général sans conséquences négatives pour l’entreprise […] la plupart du temps, ce sont des choses non seulement raisonnables mais aussi potentiellement extrêmement intéressantes en termes d’innovation pour l’entreprise » Sylvaine Pascual : Welcometothejungle
En termes simples, le job crafting consiste à laisser un salarié prendre des initiatives pour améliorer les façons de travailler, quitte à sortir un peu des limites d’une fiche de poste. Le job crafting n’est pas révolutionnaire en soi, cependant, théoriser le concept permet d’encourager la démarche en valorisant l’initiative d’un collaborateur qui adapte ses pratiques de travail à ses compétences et à ses envies ; tout en atteignant les objectifs fixés par l’entreprise.
Un collaborateur a trois niveaux d’influence pour y parvenir : modifier ses tâches au quotidien, développer de nouvelles relations professionnelles et conscientiser l’intérêt de son travail.
Souvenez-vous dans les années 80, les entreprises mettent en place les cercles de qualité. L’idée était toute simple. Permettre à chacun de suggérer de modifier certaines tâches, de remettre en question les process qui ne fonctionnent pas, de proposer des innovations. Venus du Japon les cercles de qualité ont eu pour conséquences des collaborateurs plus performants , une prévention de l’absentéisme, un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle.
Depuis les process et procédures se sont imposées y compris dans la gestion des ressources humaines. On parle de temps repères, d’outils de dimensionnement des taches, pour ensuite intégrer tout cela dans un tableur qui fixera la taille des équipes, les missions de chacun.
Conséquence, l’espace de liberté des collaborateurs s’est réduit ce qui alimente une perception négative vis-à-vis de son travail. Les impacts sont connus. Du stress au travail, une moindre implication, voire de la souffrance au travail et des burn out.
L’idée du jab crafting est de revenir à un principe simple. Un collaborateur que l’on écoute et à qui l’on fait confiance sera le meilleur conseiller tant pour ses propres taches que pour donner son avis sur d’autres actions dans l’entreprise.
ExempleDans cette entreprise chaque jour les équipes reçoivent plusieurs centaines d’appels. Cela coute du temps et de l’argent. Un manager décide alors de demander à ses équipes les motifs d’appels et surtout comment on pourrait les éviter. A sa grande surprise les réponses sont précises et des solutions sont proposées. Il découvre d’ailleurs que l’insatisfaction de ses clients vient du fait ses équipes finissent par dire à chaque échange « Vous savez on me fait cette demande 30 fois par jour donc franchement ça me gave». Le manager décide de mettre en place les solutions proposées, le nombre d’appels diminue et la satisfaction des équipes et des clients augmente. Ainsi, améliorer les conditions de travail par l’écoute et la suppression de taches inutiles permet de concilier bien être et performance.
La motivation d’un collaborateur à travailler prend racine dans le sens qu’il donne à son travail. Il peut y trouver un intérêt global ou y trouver un intérêt personnel, en tout cas le fait de conscientiser ce qui le motive nourrit sa capacité à donner plus. L’enjeu est de traduire une tache, surtout si elle est répétitive, en une action indispensable à l’efficacité de l’entreprise.
Par exemple, on parle souvent de l’expérience client mais qui dans votre entreprise s’intéresse à l’expérience du collaborateur ?Réfléchissez bien, il est très probable que votre entreprise ne s’y intéresse pas vraiment.
Pourtant l’expérience collaborateur est aussi importante que l’expérience client et alimente les stratégies RSE.
L’expérience collaborateur permet de développer une démarche basée sur l’amélioration de la performance individuelle et collective des salariés avec pour objectif final d’obtenir plus d’efficacité, de motivation et d’engagement de leur part.L’expérience collaborateur se base sur le principe de « symétrie des attentions » selon lequel si une personne bénéficie d’une qualité relationnelle positive, il la répercute à son tour. Dans le cadre d’une entreprise, si un collaborateur développe une bonne relation avec ses responsables, ses collègues et son environnement de travail, il est plus enclin à traiter les clients avec la même déférence et entretenir une relation commerciale positive.
En adaptant ses tâches à ses compétences, chaque collaborateur tient un rôle prépondérant dans l’évolution de l’entreprise.
L’autonomie et la prise d’initiative associées au job crafting permettent à vos collaborateurs d’avoir confiance dans leurs performances, ils gagnent également en productivité tout en maintenant leur sentiment de bien-être au travail à un niveau élevé, ce qui renforce leur volonté de rester dans l’entreprise.
La réussite d’une démarche de job crafting dépend de l’équilibre entre :● Le cadre qui est proposé au collaborateur ;● La liberté et l’autonomie dont il dispose pour adapter son poste et ses relations.
Pour être efficace cette démarche doit rester une action à l’initiative de chaque collaborateur.
L’entreprise peut simplement faire en sorte de créer un cadre propice au job crafting en proposant un modèle de management qui valorise les prises d’initiatives, l’écoute des collaborateurs, l’accompagnement dans leurs tentatives pour tester de nouveaux process.On peut également décider de sortir du schéma des fiches de postes et développer un poste autour des compétences du collaborateur et monter une équipe avec des compétences complémentaires pour que le travail soit fait mais que chaque collaborateur puisse se concentrer principalement sur les tâches qu’il préfère.
Aujourd’hui plus que jamais les professions évoluent et nécessitent des adaptations.
Le job crafting est donc une démarche tout à fait adaptée à ces transformations sociétales en particulier pour motiver les jeunes générations qui revendiquent une plus grande volonté d’épanouissement au travail de plus de sens au travail.S’inscrire dans cette démarche est de surcroît une bonne manière :● Pour un salarié de voir s’il est temps de changer d’entreprise, voire même de métier;● Pour l’entreprise de donner une dimension très concrète aux réflexions sur la marque employeur, de lutter contre l’absentéisme et d’éviter les risques psychosociaux mieux encore d'améliorer la performance de l'entreprise.
Tous les managers sont concernés, ce quelque soit l’organisation du travail. Cette démarche implique d’adapter un état d’esprit positif afin de dépasser les fiches de postes et laisser des latitudes sur la réalisation des taches quotidienne des collaborateurs. En outre cette démarche vise à décloisonner l’entreprise en facilitant les relations professionnelles.
Article rédigé le 04 Avril 2023 par Marion présidente de Addestro Conseil
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